La retraites des carrières franco-irlandaises est de nouveau diminuée depuis 2025, comme l’explique cet article. Pour plus d’informations sur le calcul des retraites, voir les réponses aux questions ci-dessous.
Questions générales pour les carrières franco-irlandaises
Où demander ses retraites ?
Les demandes de chaque retraite se font auprès de la caisse de retraite du pays de résidence, quand il y a un accord bilatéral ou dans des pays de l’UE. Si vous résidez en Irlande, vous devez déposer (avant l’âge auquel vous souhaitez partir) votre demande de retraite française auprès du Department of Social Protection de Sligo. Ce service transmettra ensuite votre dossier à la caisse de retraite française (puis la coordination européenne française devrait faire suivre le dossier à la caisse complémentaire). Avant d’atteindre l’âge de la retraite en Irlande, vous devrez également faire une demande pour votre retraite irlandaise, toujours auprès du même service à Sligo.
Chaque pays paie-t-il une retraite qui correspond à la carrière effectuée dans chaque pays ?
Chaque pays verse une pension.
L’Irlande (Si vous y avez droit) verse une pension calculée selon le nombre de semaines effectuées en Irlande.
La France verse une pension calculée en fonction du nombre de trimestres effectués en France et du montant de certains salaires annuels, mais la retraite française des carrières internationale est le plus souvent réduite et ne correspond pas à la carrière cotisée en France :
Le mode de calcul du Revenu Annuel Moyen (RAM) pénalise les carrières françaises de moins de 25 ans.
Les semaines de travail effectuées en Irlande sont en principe validées par le système de retraite irlandais, mais pour certaines catégories professionnelles, un certain nombre de semaines de travail effectuées en Irlande n’ont pas été validées dans le passé. Les modes de calcul du taux et de l’âge de la retraite à taux plein pénalisent les carrières dont les périodes de travail effectuées à l’étranger n’ont pas été validées.
Les accords permettent-ils d’avoir accès à une retraite irlandaise (dans le cas d’une carrière irlandaise de moins de 10 ans) et d’éviter une pénalité sur la retraite française ?
Vous n’avez pas de retraite irlandaise si vous n’avez pas cotisé 520 semaines (10 ans) Grâce aux règlements européens de coordination, vos périodes travaillées dans des pays de l’union européenne sont prises en compte pour ouvrir vos droits à la retraite irlandaise, même si vous n’avez pas atteint la durée minimale exigée par l’Irlande seule.
La règlementation européenne n’évite pas que la retraite française soit pénalisée. Au mieux elle limite cette pénalisation. L’éventuelle prise en compte des semaines de travail effectuées en Irlande n’évite pas une pénalité sur le calcul du revenu annuel moyen, ni une pénalité au niveau de l’accès au minimum contributif de la retraite française.
Les semaines de travail effectuées en Irlande sont en principe validées par le système de retraite irlandais, mais pour certaines catégories professionnelles, un certain nombre de semaines de travail effectuées en Irlande n’ont pas été validées dans le passé. Si vous avez travaillé dans un autre pays étranger hors de l’UE certaines périodes effectuées à l’étranger ne seront pas validées et votre retraite sera pénalisée. Les modes de calcul du taux et de l’âge de la retraite à taux plein pénalisent les carrières dont les périodes de travail effectuées à l’étranger n’ont pas été validées.
Peut-on cumuler les retraites, quel que soit le pays de résidence ?
Vous percevez séparément chaque pension, française, irlandaise. Le versement se fait directement par chaque caisse, peu importe votre pays de résidence. Vous pouvez donc cumuler les deux retraites, sous réserve du respect des règles fiscales et sociales locales (imposition, prélèvements). Attention ce n’est pas le cas pour tous les pays. Par exemple la Nouvelle Zélande déduit les pensions françaises de sa pension nationale.
La retraite de base et la retraite complémentaire pour les années cotisées en France sont-elles diminuées selon le ou les pays où a été effectuée le reste de la carrière ?
Oui. Le taux est une pénalité qui varie selon les éventuelles validations des périodes de travail effectuées à l’étranger, donc qui varie arbitrairement selon les accords avec le pays étranger et le régime de retraite où a été accomplie l’autre partie de la carrière. Ce qui crée une inégalité de traitement entre assurés selon leur parcours international.
Questions particulières à la retraite irlandaise
Contrairement au système français basé sur les trimestres, la pension contributive irlandaise repose sur la validation de semaines de travail. La pension devient proportionnelle au nombre de semaines cotisées en Irlande.
Pour obtenir une pension irlandaise, le nombre total de semaines cotisées doit être d’au moins 520 (soit 10 ans). 520 semaines cotisées pour obtenir une pension irlandaise (perçue en Irlande, dans des pays de l’UE, ou dans un pays ayant signé un accord bilatéral avec l’Irlande) ; que les semaines de travail soient effectuées en Irlande, dans des pays de l’UE, ou dans un pays ayant signé un accord bilatéral avec l’Irlande.
Quels changements ont eu lieu en 2024 ?
Depuis 2024, la retraite irlandaise peut être prise entre 66 et 70 ans. Le montant augmente de 277 € à 337 €. (La retraite irlandaise ne dépend pas des montants des salaires perçus pendant la carrière, contrairement à la France). Il faut espérer que ces montants seront correctement réévalués en fonction de l’inflation à l’avenir.
Pourquoi certaines périodes de travail n’ont pas été validées par le système de retraite irlandais ?
Par le passé, il n’était pas nécessaire d’avoir travaillé pendant toute sa carrière en Irlande pour percevoir la retraite « à taux plein ». Valider toutes les périodes de travail était donc inutile. Pour certaines catégories professionnelles, un certain nombre de semaines de travail effectuées en Irlande n’ont donc pas été validées par le système irlandais (travailleur indépendant, travailleur saisonnier…)
Actuellement les semaines de travail sont, a priori, correctement validées en Irlande, ce qui n’était pas toujours le cas il y a plus d’une douzaine d’années. Cela entraînera, pour certains, une baisse importante de leur retraite française ainsi qu’une diminution de leur retraite irlandaise en raison du nouveau mode de calcul.
Qu’est-ce que l’auto-enrolment qui est prévu pour le 1er janvier 2026 ?
L’auto-enrolment est un système où, par défaut, les travailleurs sont inscrits à un régime de retraite complémentaire avec des cotisations partagées entre eux, leur employeur et l’État. Il concerne les 23–60 ans gagnant au moins 20 000 € par an, qui ne cotisent pas déjà via la paie à un régime complémentaire. Ils peuvent choisir de se désinscrire, mais le principe est de « rendre l’épargne-retraite la norme » plutôt que l’exception. L’auto-enrolment est prévu depuis longtemps, mais pour l’instant indéfiniment reporté.
Les femmes ayant élevé des enfants bénéficient-elles de validations supplémentaires ?
En Irlande, les périodes consacrées à l’éducation des enfants peuvent être prises en compte grâce au dispositif appelé HomeCaring Periods Scheme. Cela permet de valider jusqu’à 20 ans de crédits dans le calcul des pensions contributives, à condition d’avoir interrompu ou réduit son activité pour élever ses enfants de moins de 12 ans (ou plus dans certains cas).
(Vous pouvez consulter le site Citizensinformation.ie pour en savoir plus)
Questions particulières à la retraite française
Pourquoi les carrières franco-irlandaises seraient pénalisées par la « réforme » des retraites de juillet 2022 ?
Entre 2008 et 2022, le mécanisme de calcul équitable des pensions, initialement prévu pour les polypensionnés des régimes français, était également applicable aux carrières européennes, dès lors que le régime étranger était reconnu équivalent au système français.
Jusqu’aux dernières réformes, le régime de retraite irlandais ne bénéficiait pas de cette reconnaissance. L’évolution récente de son dispositif aurait dû conduire à cette équivalence et permettre aux polypensionnés concernés d’accéder au mode de calcul équitable. Or, celui-ci a été supprimé en juillet 2022 (la circulaire CNAV 2021-33).
Peut-on juger fiables les estimations transmises par la CNAV sur le montant de la retraite en fonction de l’âge de départ en retraite, lorsqu’elles sont établies avant le dépôt de la demande de retraite ?
NON. A priori les estimations ne sont pas à jour, mettez-les en doute. Les estimations dépendent de la validation des périodes effectuée à l’étranger. Ces éventuelles validations ne seront prises en compte qu’après la demande de retraite. Attention, si vous demandez votre retraite après la date où vous auriez pu l’obtenir à taux plein vous perdrez des mois, des années de retraite. La pension ne sera pas versée à partir d’une date antérieure à la demande.
Comment savoir à quel âge demander sa retraite française ?
La date souhaitée pour la retraite française doit être indiquée lors de la demande de retraite faite dans le pays de résidence. Il est très difficile d’anticiper l’âge de départ à taux plein pour la retraite française. La validation des périodes effectuées dans plusieurs pays étranger est assez incertaine. La conversion des semaines irlandaises en trimestres français aussi. Les caisses de retraites françaises elles-mêmes ne respectent pas les règles de conversion européennes.
Si la retraite est demandée trop tard (après la date ou vous auriez pu l’obtenir à taux plein) vous perdrez des mois, des années de retraite. La pension ne sera pas versée à partir d’une date antérieure à la demande.
Si vous percevez votre retraite avant d’avoir droit à la retraite à taux plein ou avant 67 ans vous pouvez vous priver de la possibilité de percevoir le minimum contributif, (de nombreux Français de l’étranger sont exclus de ce dispositif, mais pas tous).
Pour les Français de l’étranger, travailler et cotiser en France peut-il diminuer la retraite au lieu de l’augmenter ?
Le RAM va fortement baisser si un faible salaire annuel est pris en compte dans le calcul. Quand cette diminution est plus importante que l’augmentation due aux trimestres validés pour cette même année, travailler (cotiser) réduira la retraite au lieu de l’augmenter. C’est par exemple le cas des jobs d’étudiant, comme nous le présentons dans l’exemple d’Olivier.


